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Discours de préventions responsabilisant les ouvriers de leur santé. Opacité des informations, manque et non-dit, création et formation de l’ignorance des travailleurs. Témoignage, revendication presque absurde toujours restée sans réponse adressée à un pouvoir anonyme kafkaïen; telles sont les axes de mon travail pour l’exposition « Dolosif ».
Né à Saint-Nazaire, d’un père malade pour avoir travaillé comme radiologue industriel utilisant des rayons ionisants pour des centrales nucléaires, chantiers navals ou raffineries de pétrole, à l’image de mon parcours et de mes recherches (voyage, rencontre, discussion) ma pratique se développe par méandres, de la photographie à la peinture, du texte à la vidéo en passant par la sculpture ou l’installation. C’est par étape que s’est formé mon regard sur le corps et le paysage. Un paysage industriel presque intangible, intrusif et nocif pour le corps. Mon travail se nourrit d’images source, photographies ou vidéos issues d’Internet ou prises de vue personnelle, radiographies industrielles ou médicales . Mon approche délibérément figurative du paysage qui se voit altéré à l’image de ces corps abîmés, irradiés (morcellement de la peinture, pauvreté de la matière, surexposition de la photographie). Cette perte de qualité se retrouve alors dans la vidéo, dans des textes ou des traces qui oscillent entre témoignage et fiction ou la valeur de vérité des paroles et des objets est constamment remise en question. Aucun discours ne semble constructible de part le manque d’information livrée par le pouvoir de la machinerie du nucléaire, de la radiologie industrielle ou de l’amiante.
Cette exposition répond à une volonté de rendre hommage à ces travailleurs disparus ou à disparaître, sans portée clairement revendicative elle tente de dévoiler modestement une certaine incapacité à accéder à une réalité qualifié lors d’un procès exceptionnel contre les responsables de l’expansion de l’amiante dans le monde de « Désastre dolosif », désastre volontaire.Instruments
Outils de travail d'un radiologue industriel.
2012
Corset Orthopédique
Plâtre et plomb, 50 x 70 x 15
2012
Centrale nucléaire de Fessenheim
Huile sur toile, 180 x 200.
2012
Instructions.
Extraits de texte recopiés à la main en double sur papier carbonne, extraits issus d'un manuel réalisé par la commission des communautés européennes intitulé: "Eléments de protection contre les rayonnements ionisants à l'usage des opérateurs de radiographie gamma.
2012
Vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl
Huile sur toile, 180 x 200.
2012
Désastre dolosif
Vidéo, 8 min 48, montage vidéo composé d'extraits de divers documents diffusés sur You Tube ainsi que de documents personnelles, telles que des radiographies.
2012
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Lima, acrylique sur toile, 300 x 200 cm.Mon travail artistique ne commence pas à une date précise, j'ai toujours observé les peintures anciennes et contemporaines avec de l'admiration et toujours essayé de créer des images aussi fortes et profondes que celles que j'admire. La présentation que je vais faire de mon travail commence avec cette peinture, elle a été un élément clé, un passage. En effet, auparavant je travaillais le paysage en lien avec le corps à travers la sérigraphie et des images copiées et collées sur la toile. Cherchant à travailler la simplicité et l'efficacité dans mon travail de représentation de lieux et d'espace et désirant coller au réel, je me suis inventé une technique de représentation ; je travaille ici couche par couche suivant les quatre types d'encre d'impression, cyan magenta, jaune noir. Ce processus restera jusqu'à aujourd'hui dans ma pratique. Ce choix est dû au fait que les images sont prélevées dans la presse ou d'internet, et que pour les travailler je passe par l'impression. Durant cette période je travaillais les points de trames en les exagérant afin de donner de la vibration à la toile, à l'image du séisme que ce paysage a subit.
Marseille, acrylique sur toile, 270 x180 cm.Nantes, acrylique sur toile, 270 x180 cm.
Frontière, Suisse, Italie, Acrylique sur toile, 270 x 180 cm.Les images que nous offrent Google Earth nous permettent aussi de nous projeter dans un espace au-delà des frontières. On se projette toujours dans une forme d'illusion. On s'approche avec le zoom mais pas indéfiniment, les images se floutent et se pixelisent, l'espace devient trouble et inaccessible.
Nantes est la réponse à une commande du conseil général pour orner la palissade du chantier du conseil général de la ville de Nantes. L'espace central laissé vierge n'est autre que l'espace du chantier même à venir. La paysage alentour est en composition ou recomposition, les strates de couleur et les décalages du travail de la projection renvoie davantage au caractère de l'image plane et sans profondeur. Notre désir de pénétrer de nouveaux lieux reste frustré par la platitude de l'écran nous ramenant à notre réalité terrestre fini, à nos limites. La paysage de Marseille est réalisé avec les mêmes techniques. Marseille, ville aimant pour des milliers de migrants. Ce travail est accompagné d'une pièce sonore ; la voix d'un étranger qui lit un article officiel sur les possibilités et impossibilités des migrants à franchir les frontières de l'Europe. Il a un accent très marqué, il a des difficultés à lire ce qui rend la piste sonore presque incompréhensible. La communication avec le spectateur ne passe pas.
Frontière Suisse, Italie, France, représente ce point où les trois pays se rencontrent. Chaque ressortissant des pays choisissent les images à fournir à Google Earth, En France, il s'agit d'image de l'été, en Suisse de l'hiver, la ligne jaune matérialise la frontière. Dans la continuité du travail de Marseille et de Nantes, la composition est plus floue moins déterminée par un cadre, l'espace de projection s'étend. La frontière n'est jamais qu'une ligne fixe, mais elle est mouvante et perméable, une frontière est un espace large, une terre qui se conquiert.
Lac Titicaca, acrylique sur toile, 210 x 120 cm (chaque).Le lac Titicaca remue comme une mer intérieure et semble infranchissable surtout les jours d'orage. Sombre horizon pour tout ceux qui tenteraient d'échapper à leurs conditions au Pérou ou en Bolivie. La frontière, lieu de projection et d'espoir. Projection mentale ou projection réelle, le panorama photographique qui m'a servit de source pour réaliser cette peinture a été projeté sur la toile. Il y a plusieurs photographies qui ont été assemblée les unes aux autres. Le décalage entre le format de l'écran d'ordinateur et la projection puis le décalage entre la taille de projection et le format du châssis est matérialisé par des marques de « collages picturaux ». L'espace est rendu plan, la profondeur est presque ramenée à la verticale rappelant l'écran où l'on se projette mais qui reste un mur d'illusion infranchissable.
Pomenzi, série de cinquante photographies, 15 m.L'idée du travail de l'immigré amorcé avec « Je tiens le fil », s'est largement développé à lors de l'arrivée en France de mon mari. « Pomenzi » témoigne de l'organisation du travail saisonnier dans un verger. Chaque jour un rang du verger est photographié, ce rang est celui à ramasser dans la mâtiné par un cueilleur. Derrière ou sous chaque photographie (selon les installations) est inscrit le nom du cueilleur, sa date et lieu de naissance et son numéro de permis de travail. Ainsi il y a des saisonniers français et de nombreux saisonniers étrangers dont certains sans permis de travail.
http://data0.eklablog.com/adeline/mod_article980733_7.jpg http://data0.eklablog.com/adeline/mod_article980733_9.jpg
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.Après la catastrophe de Bhopal. Acrylique et encre sur toile. 200 x 150 cm.
Lors d'un récent voyage en Inde, le directeur de la chambre des commerces et des industries de Mumbai qui nous hébergeait, nous ventait une ville magnifique où ils avaient vécus lui et sa femme pendant des années: Bhopal. Nous nous sommes ainsi rendu sur place en simples touristes. De retour en France on me raconte que Bhopal a été le théâtre de la catastrophe industrielle la plus importante du monde jusqu'à nos jours dévastant et contaminant tout le centre de l'Inde et sa population. L'usine était américaine. L'aspect idyllique de la description faite par le directeur reste ce que j'ai vu de ce lieu, le gouvernement tentant de recouvrir cette mauvaise image de cette région par une activité touristique importante. Action politique similaire à celle mise en place sur le lac Powel dans l'Arizona. J'ai alors décidé d'utiliser cette fois la photographie la plus touristique que j'ai réalisée sur les lieux, s'opposant radicalement aux images désastreuses diffusées sur Internet.
Darwin Carrion Reyna. Huile sur toile. 30 x 80 cm. Mars 2010
Future prison de Thomson, Illinois. Acrylique sur toile. 280 x 200 cm. Mars 2010.Au moment où je travaille sur le thème de la prison, le gouvernement américain présente le projet de transférer les prisonniers de Guantanamo vers une prison de l'Illinois à Thomson. Ancienne prison abandonnée elle sera réhabilitée pour la plus haute sécurité de même que l'étaient celles de San Lorenzo et d'Alcatraz, elles-deux situées sur des îles. Prison à l'abandon presque anonyme et abandonnée de toute vie. L'absence de personnes dans mon travail témoigne peut-être davantage de l'éventuel présence de l'humanité toute entière, de chacun de nous, un espace où la projection est possible. Le portrait qui suit, celui de Darwin, mon mari, prend la forme d'un buste classique qui ferait de lui une figure de héros, mais le visage pixelisé n'est pas sans rappeler les portrait-robot ou les mauvaises photographies de presse qui stigmatisent les coupables ou les personnes recherchées par les services de police.
Cellule Alcatraz #1, #2 et #3, Huile sur toile, 14 x 21,5 cm. Mars 2010.Les images que j'utilise pour réaliser ces peintures sont issues de mes recherches sur internet. Darwin fait partie de ces personnages politiques menacés au Pérou et condamnés à des peines de prison. De la même manière que l'on fantasme sur des terres étrangères inconnus, je suis partie à la recherche d'image de prisons. Très peu d'images sont disponibles sur internet. Ici un exemple de cellules de la fameuse prison d'Alcatraz. Ces cellules sont des représentations du film de Clint Eastwood. Elles sont de petits formats à l'échelle des petits objets que peuvent construire les détenus dans leur cellule.
Amazonas, Acrylique sur toile, 80 x 65 cm (chaque). Novembre 2009.Paludisme. Huile sur toile. 30 x 20 cm. Mars 2010.
Lors du conflit de Bagua au Pérou en Juin 2009, plusieurs personnes ont péris pour défendre leur terre de la déforestation. Une entreprise Franco-britannique a eu l'autorisation du gouvernement pour construire une mine d'extraction de pétrole. La population faisait barrage. Dans la même période de nombreuses personnes impliqués dans des entreprises politiques favorisant le développement de l'éducation, de l'écologie ou de la santé ont disparus. Ils auraient put mettre en péril les projets économiques qui se compte en milliard du gouvernement péruvien . La série en triptyque témoigne d'un paysage qui peut être interminable, qu'il y a une suite possible. La déforestation développe l'apparition de moustique favorisant la transmission du paludisme.
Glen Canyon, Arizona, acrylique sur toile, 300 x 200 cm. Janvier 2010
La déforestation a souvent lieu pour la création d'un barrage. De nombreux barrages monumentaux sont en cours de construction dans le monde mettant en péril tout l'écosystème. Ma quête d'images sur internet s'est focalisée sur le barrage du Glen Canyon construit pour alimenter la zone en électricité. Le barrage a désertifié la zone et les populations se sont progressivement déplacées, la construction monumentale a été faite en hâte, depuis le barrage a menacé de se rompre à plusieurs reprises. La barrage est devenu inutile. Monstre mort, il contient le lac Powel qui accueille des touristes pour y faire de la voile, aucun poisson ne vit dans le magnifique lac artificiel. Mon travail pictural se fait en hâte par de grand coup de pinceaux, les formats sont imposant à l'image de ses constructions monumentales mais absurdes sans fonction, seul témoin du désir de puissance et de production de la « nature » humaine.
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